top of page

Anorexie

Les arbres enneigés Transparent

Comprendre l'anorexie mentale pour mieux la vaincre

Un peu mieux connue, cette maladie qui touche plus spécifiquement les adolescents, commence à être mieux connue. Toutefois il reste beaucoup de préjugés et d’idées fausses sur ce sujet. David Massal, psychologue à Lyon et spécialiste des TCA, répond aux principales questions suscitées par l’anorexie afin de mieux la détecter et de la vaincre plus rapidement.

Pourquoi ce refus de manger ?

L’anorexie doit être distinguée de maladies somatiques provoquant une perte de poids importante (par exemple la tuberculose ou des affections endocriniennes), ou de troubles dépressifs. La principale caractéristique de l’anorexie réside dans le rapport déréglé du patient à la nourriture et à la perception de son image. Le malade trie ses aliments, les coupe en portions minuscules et mange avec une très grande lenteur. Le refus de manger est lié à une volonté de maîtriser son corps, et surtout l’apparence de ce corps face au monde extérieur. Dès lors, le malade vérifie son poids constamment, de façon obsessionnelle. Au départ, il pense que « devenir mince, c’est rétablir une image acceptable de soi ». La maladie est en fait une réponse inappropriée à un vrai problème d’ordre psychique, et insidieusement, le choix de maigrir et de se faire vomir se transforme en TCA. L’anorexie mentale est désormais cataloguée parmi les maladies psychiatriques. Dans les formes les plus graves, elle peut mettre en danger la vie du patient car l’amaigrissement, qui est en général de 20 à 30%, peut aller jusqu’à 50% du poids initial.

Quels sont les symptômes ? Quand faut-il consulter ? Qui consulter ?

L’anorexie commence souvent par un régime, qui très vite vire à l’excès avec des attitudes de rejet de certains aliments et de tout ce qui est lié au comportement alimentaire (se mettre à table, préparer un repas, etc). Il ne faut pas attendre que la personne concernée en arrive à mettre sa santé en danger. L’idéal est de consulter le médecin traitant qui pourra établir un 1er niveau de diagnostic et vous orienter vers un spécialiste des troubles du comportement alimentaire.

Qui est concerné ? Pourquoi l’anorexie touche-t-elle plus les femmes ?

Adulte, adolescent … L’anorexie peut toucher n’importe qui, même si la majorité des TCA se déclenchent au moment de l’adolescence, période de transformation physique et donc de vulnérabilité psychique. Toutefois les études scientifiques ont permis d’identifier certains caractères de la personnalité ou également un contexte social, familial, qui peuvent favoriser l’émergence de la maladie.

Au niveau des traits de personnalité communs aux anorexiques, on notera certains facteurs de fragilité (anxiété, tendance à la dépression, impulsivité) et une sensibilité excessive aux modifications du milieu social (sensibilité aux effets de mode). Dès lors, si la maladie touche environ 90% de femmes, elle concerne aussi de plus en plus de garçons, touchés par ce trouble de la perception de l’apparence physique.

Au niveau du contexte familial, on peut évoquer le rapport au père et à ses exigences (formulées ou non) ou une relation trop fusionnelle à la mère, mais seul le psychothérapeute pourra évaluer le rôle des relations familiales dans l’anorexie pour mieux aider l’adolescent(e) à s’en affranchir.

Symptômes et évolution

Quand s'inquiéter ? Quels signes doivent alarmer les proches ?

L’anorexie débute souvent de manière insidieuse, avec un « petit régime » qui ne s’arrêtera pas. Et les proches peuvent mettre du temps avant de constater un amaigrissement réellement alarmant. Ce sont les troubles physiques tels que constipation, aménorrhée pour les filles, douleurs abdominales, qui vont souvent alerter la famille. Sans cause apparente, ces douleurs doivent faire l’objet d’une consultation chez le médecin générale. D’autres signes concomitants pourront renforcer les doutes des proches : il s’agit d’un changement des habitudes alimentaires (refus de certains aliments, dégoût pour d’autres, etc) et de modification de la personnalité (sautes d’humeur par exemple).

De l’anorexie à la boulimie : quelle est l’évolution de la maladie ?

Il existe plusieurs évolutions possible de l’anorexie :

- Guérison spontanée : elle survient dans le cas de formes mineures de l’anorexie qui dure quelques semaines ou mois, et se résout avec l’aide de psychothérapeutes spécialisés dans les troubles de la conduite alimentaire. 

- Forme plus grave, pouvant durer des années, et handicapant lourdement la vie du patient. Patience, persévérance et surtout accompagnement psychologique sont fondamentaux, même dans les phases où la guérison semble acquise, car l’équilibre psychique reste fragilisé et le fonctionnement anorectique peut se réactiver.

- Alternance d’épisodes anorexiques et boulimiques : une forme de stabilisation s’installe à travers ces épisodes à caractère plus modéré, ne perturbant plus trop la vie sociale, affective et professionnelle du patient.

Thérapie : traiter et soigner l'anorexie

Que faire pour aider ? Quand faut-il hospitaliser ?

Selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM IV), des critères autres que la perte de poids permettent de poser un diagnostic :

 

- Refus de retrouver un poids normal (au moins 85% du poids normal selon l’âge et la taille)

- Peur compulsive de grossir (qui pousse le ou la malade à utiliser tous les moyens pour éliminer le peu d’aliments ingérés : exercice physiques, vomissements, laxatifs)

- Altération de la perception de son poids et de sa silhouette par le malade

- Prédominance du poids dans la construction de l’estime de soi

- Absence de règles pendant au moins 3 cycles consécutifs L’hospitalisation n’est préconisée en principe, que lorsque la vie du patient est en danger, ou dans le cadre de la thérapie, pour isoler le patient de son entourage et favoriser une prise en charge multi-disciplinaire (médicale, psychiatrique, comportementale).

Qui consulter ? Comment soigner l’anorexie ? Quelle thérapie ?

Pour un(e) adolescent(e), la première consultation a souvent lieu à l’initiative de la mère, qui s’inquiète de la perte de poids, l’aménorrhée ou les restrictions alimentaires. Le médecin peut établir un premier niveau d’évaluation et de décision, notamment de détecter l’urgence ou non d’une hospitalisation. Lors des rendez-vous suivants, le médecin proposera une stratégie de soins associant un médecin coordinateur (psychiatre idéalement spécialisé dans les TCA), un somaticien, et une prise en charge psychothérapeutique. Différentes approches sont possibles pour la psychothérapie, le choix dépendant du patient, de son état.

Guérit-on définitivement ?

Les troubles du comportement alimentaire sont des maladies qui guérissent totalement, dans au moins la moitié des cas. Plus l’anorexie est détectée tôt (idéalement dans les 6 premiers mois) et prise en charge par des professionnels spécialisés dans les troubles du comportement alimentaire, plus le (ou la) patient(e) a des chances d’évoluer rapidement vers une guérison.

bottom of page