Adolescence et souffrance psychique : comprendre et accompagner
- DAVID MASSAL
- 7 juin
- 3 min de lecture

L’adolescence est une période de bouleversements intenses : corporels, émotionnels, identitaires, sociaux. Entre affirmation de soi et fragilité intérieure, il arrive que le mal-être s’installe, silencieux ou bruyant, parfois incompris. Irritabilité, repli, troubles alimentaires, anxiété, crise de sens… Comment reconnaître une souffrance psychique chez un adolescent ? Et en quoi la psychothérapie peut-elle l’aider à se construire dans de meilleures conditions ?
L’adolescence : une période de transition et de vulnérabilité
Entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence impose :
une transformation corporelle rapide (puberté) ;
une restructuration de l’identité ;
un questionnement existentiel ("Qui suis-je ?", "À quoi je sers ?") ;
une remise en cause de l’autorité familiale ;
un besoin d’appartenance au groupe, parfois conflictuel.
Ces changements provoquent souvent un tiraillement entre dépendance et autonomie, entre besoin de sécurité et désir d’émancipation. Il est normal qu’un adolescent traverse des phases d’instabilité, mais lorsque la souffrance devient persistante ou intense, une aide extérieure peut être salutaire.
Quels signes doivent alerter les parents ?
La souffrance psychique à l’adolescence peut prendre différentes formes :
isolement, retrait social, perte d’intérêt pour les activités ;
troubles du comportement alimentaire (restrictions, crises, obsession corporelle) ;
irritabilité, agressivité, conflits répétés ;
baisse des résultats scolaires ou désengagement total ;
troubles du sommeil, fatigue chronique, troubles somatiques ;
auto-dénigrement, manque de confiance, culpabilité excessive ;
automutilation, idées noires, conduites à risque (addictions, fugues…).
Tous les adolescents n’expriment pas leur mal-être de la même façon. Certains se referment, d’autres s’agitent. Ce qui importe, c’est l’évolution du comportement dans la durée, et le ressenti d’un malaise profond.
Pourquoi un adolescent peut-il avoir besoin de consulter un psychologue ?
Contrairement à une idée répandue, consulter un psy ne signifie pas que l’adolescent “va très mal” ou “est malade”. Cela peut simplement être un espace :
pour déposer ce qu’il ne peut pas dire à ses proches ;
pour mettre des mots sur des émotions confuses (colère, honte, tristesse) ;
pour apprendre à gérer son stress, ses angoisses, sa pression scolaire ;
pour travailler sur l’image corporelle ou l’estime de soi ;
pour comprendre l’origine de certains blocages relationnels ou scolaires.
Un travail psychothérapeutique permet de renouer avec sa capacité à penser, à ressentir, à décider.
Quelle place pour les parents dans ce suivi ?
Les parents peuvent être associés à certaines étapes du suivi, notamment :
lors des premiers entretiens (compréhension de la demande) ;
dans l’évaluation du contexte familial, scolaire, social ;
à la demande de l’adolescent, s’il souhaite partager des avancées.
Mais la thérapie de l’adolescent reste centrée sur lui, dans un cadre confidentiel. L’objectif n’est pas de "corriger" son comportement, mais de l’aider à se structurer psychiquement dans une période charnière.
Et si l’adolescent refuse de consulter ?
Il est fréquent qu’un adolescent soit réticent. Ce refus peut être une peur d’être jugé, une méconnaissance de ce qu’est une thérapie, ou simplement une façon de garder le contrôle.
Il est parfois utile :
d’exprimer vos inquiétudes sans pression ;
de proposer la thérapie comme un espace libre, pas comme une sanction ;
de consulter vous-même en tant que parent, pour réfléchir à la situation et accompagner différemment.
En cas de troubles alimentaires, d’anxiété ou d’auto-agression
Les adolescents peuvent développer des troubles du comportement alimentaire (TCA) comme mode de régulation émotionnelle ou de contrôle. Ces comportements doivent être pris au sérieux :
obsession corporelle, régime strict, perte de poids brutale ;
crises alimentaires, vomissements, compulsions cachées ;
culpabilité après les repas, peur de grossir, honte du corps.
Ils peuvent aussi présenter des troubles anxieux, des conduites d’évitement ou des actes auto-agressifs (scarifications, mise en danger).
La thérapie permet alors de désamorcer les symptômes, de comprendre leur fonction, et de proposer des alternatives durables.
En résumé
Consulter un psychologue pour adolescent, c’est :
offrir un espace d’écoute neutre et respectueux ;
prévenir des souffrances plus durables à l’âge adulte ;
accompagner un jeune dans une période de construction délicate.
Le Centre TCA Lyon propose des suivis psychothérapeutiques pour adolescents, notamment en cas de troubles alimentaires, d’anxiété, de mal-être identitaire ou relationnel. Les consultations peuvent se faire en présentiel ou en visio, selon les besoins.
Comments